Peine de mort (USA)
AMNESTY INTERNATIONAL
> DÉCLARATION PUBLIQUE
>
> 14 mars 2011
Amnesty International se félicite de la décision rendue par une cour de
Pennsylvanie dans le cas de Jordan Brown
Amnesty International accueille avec satisfaction le jugement prononcé par
la cour supérieure de Pennsylvanie, qui annule le refus d’un tribunal de
première instance de déférer Jordan Brown, âgé de 13 ans, devant une
juridiction pour mineurs.
Le juge du tribunal de première instance avait estimé que Jordan Brown
n’était pas parvenu à prouver qu'il pouvait être réinséré et soigné au sein
du système de justice pour mineurs. Les avocats de Jordan Brown ont formé
un recours contre cette décision, en faisant valoir que la manière dont le
juge de première instance avait atteint cette conclusion violait les droits
du jeune garçon.
Dans son jugement du 11 mars, la cour supérieure de Pennsylvanie a convenu
que la manière dont le juge de première instance avait appliqué la loi
constituait une atteinte au droit de Jordan Brown de ne pas s’accuser
lui-même. Le juge de première instance, concluait ce jugement, avait dans
les faits requis que Jordan Brown admette sa culpabilité ou accepte la
responsabilité du crime dont il est accusé afin de montrer qu'il était
capable de se réinsérer.
La cour supérieure a renvoyé l’affaire devant le tribunal de première
instance pour une nouvelle audience concernant son transfert.
Amnesty International salue le jugement de la cour supérieure car il donne
au cas de Jordan Brown une nouvelle chance d’être transféré devant un
tribunal pour mineurs. S'il était jugé comme un adulte et déclaré coupable
de meurtre avec circonstances aggravantes, Jordan Brown serait
obligatoirement condamné à la réclusion à perpétuité sans possibilité de
libération conditionnelle.
Appliquée à une personne âgée de moins de 18 ans au moment des faits qui
lui sont reprochés, une telle sentence représente une violation du droit
international. Jordan Brown avait 11 ans au moment du crime pour lequel il
est poursuivi.
Complément d’information
Jordan Brown est accusé d’avoir tué par balle Kenzie Houk, la compagne de
son père, le 20 février 2009. Il a été inculpé de double homicide car la
victime était enceinte de huit mois et demi et l’enfant à naître n’a pas
survécu. La justice a automatiquement prévu la comparution de Jordan Brown
devant un tribunal pour adultes, conformément à la législation de la
Pennsylvanie relative aux affaires de meurtre. S'il est reconnu coupable de
meurtre avec circonstances aggravantes par un tribunal pour adultes, Jordan
Brown sera condamné à la réclusion à perpétuité sans possibilité de
libération conditionnelle.
La condamnation à la réclusion à perpétuité sans possibilité de libération
conditionnelle d'une personne âgée de moins de 18 ans au moment des faits
qui lui sont reprochés est une violation des normes et du droit
internationaux reconnus presque partout dans le monde. Ces normes prévoient
que quelle que soit la gravité de l'infraction commise, les mineurs, qui
n'ont pas achevé leur développement physique, psychologique et émotionnel,
ne portent pas le même degré de culpabilité que les adultes et doivent
bénéficier, au sein du système pénal, d’un traitement spécial tenant compte
de leur âge et de leur manque de maturité. Elles mettent également l’accent
sur le fait que lorsqu’un mineur entre en conflit avec la loi, la priorité
doit être l’intérêt supérieur de l’enfant et la possibilité d’une
réintégration réussie au sein de la société. De toute évidence, la
réclusion à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle ne
remplit pas cette obligation internationale.
Les États-Unis seraient le seul pays où des enfants sont condamnés à la
réclusion à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle. Bien
que cette pratique soit autorisée en droit dans plusieurs pays, aucune
condamnation de cette sorte n’a été portée à la connaissance d’Amnesty
International au cours des dernières années en dehors des États-Unis. Selon
les informations dont dispose l’organisation, Jordan Brown serait
actuellement la plus jeune personne risquant une condamnation à la
réclusion à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle. En
revanche, aux États-Unis, au moins 2 500 personnes purgent une peine de
prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle pour des
infractions commises alors qu’elles avaient moins de 18 ans.
FIN
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