Manifestations et répression policière en Egypte

Publié le par amnesty.meaux.over-blog.com

02.02.2011
Manifestations et répression policière en Egypte



Des milliers de manifestants contre la pauvreté, la corruption et les abus des forces de police au Caire.
Les manifestations continuent et la situation reste tendue, alors que des milliers de manifestants sont encore réunis le 2 février, place Tahrir, au centre du Caire au lendemain de la manifestation géante à l’orée d’une semaine de révolte en Égypte.


Les informations nous parvenant indiquent que l’armée a demandé via un communiqué à la télévision à la population de rentrer chez elle. L’opposition ne capitule pas et appelle à poursuivre les manifestations en maintenant le grand rassemblement prévu vendredi 4 février. Et ce, malgré l'annonce du président le mardi 1er février au soir disant qu'il ne se représenterait pas à l’élection présidentielle en septembre 2011.


Parallèlement, les pro-Moubarak – dont certains seraient des policiers civils à la solde du gouvernement - organisent la riposte en scandant «Oui à Moubarak, oui à la stabilité», à l’entrée de la place Tahrir bouclée par les blindés de l’armée. Aujourd’hui, de violents heurts ont opposé pro et anti Moubarak sur la place sans que l'armée, présente sur place, ne soit encore intervenue. Selon la chaîne Al-Jazira, des groupes de manifestants ont lancé des projectiles, sans intervention visible de l'armée ce que confirme Reuters, les manifestants auraient demandé à l'armée d'intervenir, en vain. Les correspondants de la chaîne indiquent qu'il y aurait au moins une dizaine de blessés parmi les manifestants.
Mohamed ElBaradeï, un des opposants à Moubarak, a accusé le gouvernement de recourir à « la tactique de la peur » en réaction aux violences entre pro et anti Moubarak : «Je suis extrêmement préoccupé. Je veux dire qu'il s'agit d'une nouveau symptôme, d'un nouveau signe montrant qu'un régime criminel a recours à des actes criminels», a-t-il rapporté à la BBC, ajoutant : «J'ai peur que cela tourne au bain de sang».

Bilan, hélas, provisoire
Navi Pillay, Haut Commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme a déclaré mardi 1er février disposer d'informations émanant des ONG faisant état de 300 morts depuis le début des manifestations en Égypte. Elle a précisé que «Le nombre de victimes augmente quotidiennement, avec des informations non confirmées signalant que jusqu'à 300 personnes pourraient avoir été tuées jusqu'à présent, avec plus de 3.000 blessés et des centaines d'arrestation ». Rappelant que «Le mouvement populaire en Egypte, sans précédent depuis des décennies, a été conduit d'une manière courageuse et pacifique».

Internet rétabli en partie
L'accès à Internet a été rétabli mercredi 2 février au Caire et à Alexandrie, après plusieurs jours de coupure, le pouvoir s'efforçant de limiter les contacts entre manifestants qui s’organisaient pour la marche «du million».

Les médias censurés
Al-Jazira, la principale chaîne d'informations en continu arabe, dont la diffusion est interrompue sur un satellite contrôlé par le gouvernement égyptien a affirmé : «Il est clair que certains pouvoirs ne veulent pas que nos images appelant à la démocratie et aux réformes soient accessibles au public» estime la chaîne satellitaire basée au Qatar. Al-Jazira avait déjà annoncé dimanche que le satellite du gouvernement égyptien Nilesat avait cessé de diffuser ses émissions. Amnesty International dénonce cette mesure contre Al Jazira par le gouvernement qui tente d’empêcher les médias de couvrir les manifestations qui se poursuivent dans les rues et d’entraver la libre circulation des informations.
Amnesty International affirme que les autorités cherchent clairement à intimider les médias et à empêcher que la vérité sur les atteintes aux droits humains commises par les forces de sécurité ne soit révélée, alors qu’elles s’efforcent de se maintenir au pouvoir, en butte à des manifestations sans précédent et à des revendications de changement profond.

Recommandations d’Amnesty International

• Les autorités égyptiennes doivent assurer la sécurité des manifestants pacifiques et veiller à ne pas recourir à une force excessive et disproportionnée ;

• Les autorités égyptiennes doivent respecter le droit de manifester pacifiquement : cesser d’arrêter et d’intimider les militants et permettre la libre circulation des manifestants ;

• Les autorités égyptiennes doivent lever toute censure sur les médias, garantir la liberté totale d’informer et rétablir complètement l’accès à Internet et aux autres moyens de télécommunications ;

• Les autorités égyptiennes doivent mener une véritable enquête sur les homicides de manifestants et obliger les auteurs de ceux-ci à rendre des comptes. 


 



En savoir plus EN SAVOIR PLUS

 




L'armée égyptienne est priée de respecter les droits des manifestants
1 février 2011
L'armée égyptienne doit continuer à respecter le droit de manifester pacifiquement, à l'heure où les Égyptiens prennent part à la manifestation la plus suivie à ce jour.  LIRE la suite


L'Égypte continue de réprimer les médias -31 janvier 2011
Amnesty International condamne la répression que continue d'exercer le gouvernement égyptien contre la liberté d'expression, alors que six journalistes d'Al Jazira ont été brièvement détenus par l'armée et que leur bureau du Caire a été fermé, compromettant ainsi la couverture des manifestations massives qui se déroulent dans tout le pays. LIRE la suite


Les autorités égyptiennes doivent maîtriser les forces de sécurité
Communiqué du 28 janvier 2011
Amnesty International a exhorté les autorités égyptiennes à maîtriser les forces de sécurité afin d'empêcher qu'il n'y ait de nouvelles victimes parmi les manifestants, alors que les protestations se poursuivent dans tout le pays. LIRE LA SUITE


L'Égypte doit cesser de sévir contre les manifestants

Communiqué du 26 janvier 2011
Les informations indiquant que les manifestations ont continué en Égypte mercredi 26 janvier ont fait suite à une journée de contestation qui s'est soldée par au moins trois morts, des brutalités contre les détenus et l'arrestation d'au moins 500 manifestants. LIRE LA SUITE


Égypte : les manifestations pacifiques doivent être autorisées

Communiqué du 24 janvier 2011
Amnesty International appelle les autorités égyptiennes à ne pas réprimer les manifestations prévues dans tout le pays mardi 25 janvier ; des informations circulent en effet faisant état de menaces policières adressées à des membres de l'opposition. LIRE LA SUITE


Extrait du RAPPORT ANNUEL 2010 concernant l'Egypte

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article